Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LA FEMME DANS LE ROMAN POLICIER douces vertus, et l'image de la femme que véhicule cette littérature ne saurait nous laisser indifférents. Les trois auteurs étudiés ici sont parmi les plus lus de la littérature policière : F. Dard pour le Commissaire San Antonio ; G. de Villiers, S.A.S. le Prince Mako Linge et J. H. Chase pour son roman Pas d'orchidées pour Miss Blandish. La femme, pour San Antonio, est surtout un objet co- mestible ; parfois agréable, parfois insupportable, mais certes jamais importante : « Avec les gonzesses, c'est pas la peine de se mettre en frais... les grands trucs à la Valéry, elles s'en balancent ; seulement, tous les madrigaux à la godille les font se pâmer d'aise 1 » ; comme le dit un de ses amis : « Moi, je me fous du bavouillage, pourvu que je dispose du cheptel. » Elles n'ont pas d'existence propre, ne sont que les faire-valoir qui confirment San A. dans son rôle de séduc- teur super-viril : « Cette mousmé... en pince tellement pour ma trompette, que, si je voulais, je réussirais à la faire marcher au plafond » ou : « Te voilà, balbutie-t-elle en chialant. T'as pu t'en tirer. Oh mon chéri, tu es un être fabuleux 2 ! » Et en effet, le commissaire est un être tellement fabu- leux qu' « Elles » en perdent la tête : « Une demi-douzaine de ravageuses me cernent, me happent, m'aspirent... Elles ont les pommettes enflammées, les yeux brillants. Gou- lues ! Ignobles ! Le feu au derche ! Les lèvres retroussées, chiennes en chasse a! » 1. Laissez tomber la fille, p. 198. 2. Ibidem, p. 151. 3. Les vacances de Berrurier, p. 192. 309

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