Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE Il faut alors admettre que celui-là seul est fondamental : c'est l' « inceste psychanalytique », l'inceste mère/enfant. Les autres prohibitions de l'inceste peuvent avoir les fonctions sociales que leur attribuent les différents auteurs, permettre l'échange des femmes (et par là même l'échange des marchandises), elles n'en restent pas moins subordon- nées à l'interdit premier, celui qui concerne la mère ; elles sont les lois destinées à garantir et à confirmer la Loi. Car la Loi, l'interdit qui est vraiment fondateur, celui sans lequel notre civilisation n'aurait pas pu naître, c'est celui qui prohibe l'inceste entre une mère et son enfant. Il ne concerne pas — comme l'interdit ethnologique, qui est social — une certaine quantité de parents, d'alliés, voire de classes d'âge, etc., mais uniquement les relations incestueuses avec la mère. Cet interdit n'est pas une coutume, une règle qui peut varier, une loi soumise à révision : il est la Loi, celle que nul ne doit braver. Il ne concerne pas tant, d'ailleurs, la réalité objective de la transgression (qui en fait évidem- ment partie) que sa réalité phantasmatique. C'est la Loi qui, médiatisée par la crainte de la castra- tion et le Complexe d'Œdipe, fait de l'enfant un adulte et un être social. Mais, avant de développer ce point, il faut montrer d'abord que, s'il existe un interdit de l'inceste, c'est parce qu'il existe un désir de l'inceste ; puis, que le désir et l'interdit trouvent leur importance non pas tant dans la réalité des faits — après tout certains animaux le respec- tent aussi — que dans le phantasme.

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