Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE plus « barbare » et plus « chirurgicale » que les pratiques qu'on prétend extirper sans autre procès. Gabrielle Rubin, assurément, ne se refuse pas des pri- ses de parti éventuellement véhémentes *. Mais là où elle se démarque, tout à son avantage, c'est qu'elle entend d'abord montrer le « pourquoi » de cette asymétrie, sans l'attribuer stupidement au mauvais vouloir « phallocra- tique ». L'intention est intéressante, et retrouve le fil de ce que la psychanalyse a mis en évidence. Ce qui est ici privilégié, et non sans raison, c'est l'un des éléments ma- jeurs qui préside à la genèse de l'opposition masculin- féminin : la relation à la mère. Le paradoxe ne saurait être assez souligné : c'est dans une identité de situation à l'origine, que s'enracine une différenciation irréductible des destins ; c'est parce que la fille comme le garçon ont pour objet primordial une mère, un être féminin, qu'ils auront à suivre des voies non seulement différentes, mais absolument asymétriques, dans l'assomption de leur iden- tité sexuelle : il n'y a pas, en miroir, un complexe féminin reflétant mécaniquement le complexe d'Œdipe ; pour les deux sexes, c'est le complexe d'OEdipe qui est structurant. Plutôt qu'aux cheminements des premières années, c'est à la situation des premiers mois, voire des premiers jours que s'attache Gabrielle Rubin, pour rappeler cette dépen- dance totale, appendue à une toute-puissance maternelle non moins absolue. C'est là que se constituent les imagos et les fantasmes les plus primitifs. Ce monde fantasma- tique primordial, celui que Melanie Klein a exploré de façon exhaustive, Gabrielle Rubin le place sous l'emprise d'une figure imposante, identique pour les deux sexes, * Notamment contre l'excision... etc. (Note de l'Editeur). 10

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