Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

PSYCHANALYSE ET SCIENCE-FICTION anciens créateurs de mythes, celle de la Mère toute-puis- sante, dévoreuse d'enfants. Pour tous, sous des aspects différents, la créature fémi- nine, confondue avec la Mère, ne protège et ne berce que pour mieux étouffer et absorber. Mais si l'on observe sous cet angle ce qui est dit, aussi bien dans les récits et les légendes que dans la vie quoti- dienne, on s'aperçoit vite que ce n'est pas vraiment de la femme qu'il s'agit, mais bien de la Phantasmère ; que l'on n'accuse la femme de tous les désastres ou de toutes les merveilles, que parce que l'on projette sur elle l'image de la Phantasmère : ce n'est qu'en vertu d'une condensation que nous appelons « femmes » des créatures angéliques ou diaboliques, toutes-puissantes et enjôleuses, belles au-delà de tout et à l'âme plus que noire. J'en veux pour preuve supplémentaire le fait que plu- sieurs des nouvelles dont j'ai parlé sont écrites par des femmes, et qu'elles devraient savoir, mieux encore que les hommes, que les femmes réelles ne sont pas comme elles les décrivent. Si elles regardent en elles et autour d'elles, elles ne voient que de braves mères (sans majuscule) de famille, des travailleuses honnêtes, des intellectuelles moyennes, voire des femmes supérieures mais, en aucun cas, une femme toute-puissante. Mais les femmes réelles n'intéressent nullement les créateurs et les amateurs de mythes : c'est leur inconscient qui parle ou qui écoute, et dans l'inconscient, règne la Phantasmère.

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