Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

PSYCHANALYSE ET SCIENCE-FICTION tantôt sorcière et tantôt fée, tantôt dévorant ses enfants et tantôt les soignant et les consolant, tantôt d'une diabolique intelligence et tantôt d'une sottise originelle, tantôt vierge et tantôt putain. Or les femmes (comme les hommes d'ailleurs) sont effec- tivement multiples, et contiennent en elles un peu de tout cela à la fois : un peu de méchanceté et un peu de bonté, un peu de dévouement et un peu d'égoïsme, un peu d'instinct de meurtre et un peu de désir de guérir, un peu d'intelligence et un peu de bêtise, un peu de pureté et un peu de perversité. Tout cela amalgamé donne, dans la réalité, un être moyen, c'est-à-dire une femme. Mais l'inconscient ne connaît rien de tel ; en lui n'existe que la Phantasmère, parée de tous les défauts — ou de toutes les qualités - poussés à leur paroxysme : la Sorcière, la Destructrice, la Sanglante, ou, au contraire, la Mère Sublime, la Vierge, la Consolatrice. Aussi est-ce pour compenser tant de puissance phantas- matique que l'on ne permet aux femmes, dans la vie réelle, que des rôles de second plan : infirmière quand « il » est médecin, employée quand « il » est cadre, s'occupant de bonnes oeuvres quand « il » fait de la politique, faisant la vaisselle quand « il » pense. Mais cette infériorité ne nuit en rien à la Phantasmère, car jamais la réalité, même dûment constatée, n'a pu détruire un phantasme, et la mé- diocrité de la condition féminine n'a nullement empêché les créateurs de mythes de décrire la femme comme toute- puissante. La première étude portera sur un mode d'expression un peu particulier : la Science-Fiction *, parce que celle-ci me La science-fiction est loin d'avoir la place qu'elle mérite ; 245

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