Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE ethnies en divers lieux du monde écrit : « On ne peut pas dire, à proprement parler, qu'il y ait des qualités féminines et d'autres qui seraient masculines : parfois ce sont les garçons qui sont considérés comme des êtres fragiles, par- fois ce sont les filles qui sont trop faibles pour travailler hors de chez elles... Certains peuples pensent que les femmes sont de faibles petites choses, d'autres que c'est à elles de porter les plus lourds fardeaux, parce que leur tête est plus solide que celle des hommes » En effet, la prétendue faiblesse féminine, imputable aux maternités, ressemble fort à un alibi. Jamais une femelle animale ne prend prétexte de sa grossesse pour cesser de chercher sa nourriture. Même l'allaitement n'est pas une cause de démission permanente : « Chez les car- nassiers, mâles et femelles chassent au même degré ; chez les primates, la quête alimentaire est individuelle et n'offre pas trace de spécialisation sexuelle'. » Certes, nous ne sommes ni des carnassiers, ni des primates ; mais on a souvent vu, et ce, non dans des pays lointains mais dans nos campagnes (il y a quelques années encore) des paysannes travailler jusqu'au moment même de l'accouchement, se retirer à peine quelques heures pour mettre leur enfant au monde, et retourner aux travaux des champs, qui ne sont pourtant pas généralement rangés dans la catégorie des travaux de dames. Quant à la moindre puissance musculaire de la femme, très réelle celle-là, elle peut être, et elle est, abondamment compensée par le courage et l'endurance. Tout le monde sait que les femmes russes entretiennent 2. Margaret Mead, L'Un et l'Autre Sexe, Gonthier, p. 13. 3. Leroi-Gourhan, Le Geste et la Parole, p. 214. 108

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